Le Guidage en Rotation - Cours de la Mécanique
1 Généralité au sujet du Guidage en Rotation
La solution constructive qui réalise une liaison pivot
est appelée guidage en rotation.
Le guidage en rotation est nécessaire dans de nombreux cas
(moteurs, roues de véhicules, hélices d’avion ou de turbine…).
On appelle arbre
le contenu, logement ou alésage le contenant.
Représentation normalisée en projection
orthogonale
|
Représentation spatiale
|
Degrés de liberté
|
|
|
|
1 Fonctions à assurer
Le guidage en rotation en phase
d’utilisation doit assurer les fonctions suivantes :
·
Positionner l’arbre et le logement : notions
de jeu et de précision de guidage ;
·
Permettre un mouvement relatif (rotation) :
notions de rendement et de vitesse de rotation ;
·
Transmettre les efforts : dimensionnement des
pièces et durée de vie du montage ;
·
Résister au milieu environnant : fiabilité,
matériaux, étanchéité, protection, etc.…
·
Etre d’un encombrement adapté (voire
minimal) ;
·
Minimiser les niveaux de bruit et de vibrations.
2 Typologie des solutions
Il existe 4 solutions principales permettant de réaliser un
guidage en rotation :
-
par contact direct
-
par interposition d'une bague de frottement
-
par interposition d'éléments roulants
-
par interposition d'un film d'huile
Type de guidage en rotation
|
Contraintes
|
||
précision
|
Vitesse
de rotation
|
Efforts à transmettre
|
|
par
contact direct
|
-
|
--
|
-
|
par
interposition de bague de frottement
|
+
|
+
|
+
|
par
interposition d'éléments roulants
|
++
|
++
|
+++
|
par
interposition d'un film d'huile
|
+++
|
+++
|
++
|
1 Les solutions constructives
1.1 Contact direct
Le guidage en rotation est obtenu par contact direct des
surfaces cylindriques arbre/logement (figure 1).
Des arrêts suppriment les degrés de liberté en
translation. Ce guidage est peu précis, mais le coût est très faible.
Son utilisation est limitée à des vitesses de rotation faibles et des efforts
faibles.
|
figure 1. Contact
direct
|
1.1.1 Domaine d’utilisation :
A cause des risques d’échauffement, cette solution est à
réserver aux domaines suivants :
F Faibles
vitesses ;
F
Efforts transmissibles peu élevés.
1.2 Bagues de frottement par paliers lisses (coussinets)
Le principe du contact direct est
amélioré en interposant des bagues de frottement qui vont :
·
Diminuer le coefficient
de frottement ;
·
Augmenter la durée de vie de l’arbre et du logement ;
· Diminuer le
bruit ;
·
Reporter l’usure sur les
bagues.
·
1.1.1 Coussinets
Les
coussinets sont des bagues cylindriques en bronze ou en matière
plastique (figure 2), montées serrées
dans l’alésage. L’arbre est monté glissant dans le coussinet. Lorsque le coussinet dispose
d’une collerette (comme celui représenté à gauche) il supporte des efforts axiaux.
|
figure 2.
Coussinets
|
A)
Coussinets nécessitant
une lubrification continue
(en bronze, fonte, …)
Il est nécessaire de prévoir un dispositif de graissage afin
d’assurer une présence continue de lubrifiant pendant le fonctionnement
B)
Coussinets sans graissage (carbone-graphite, nylon, PTFE)
Ils sont très pratiques mais sont constitué de matériaux
peu résistants. Ils ne supportent que des efforts très faibles.
C) Coussinets autolubrifiants
Il est constitué de
poudre de bronze (cuivre +
étain) ou encore d'alliages ferreux (fer + cuivre +plomb)
compactée. Cette poudre
est dans un premier temps comprimée à température élevée dans un moule, puis
chauffée dans un four pour rendre le coussinet poreux. Cette opération de
fabrication s'appelle le frittage.
Avant le montage, on imprègne le coussinet d'huile
(environ 25 % du volume de métal), lors du fonctionnement, la rotation de
l'arbre crée une aspiration de l'huile, et la création d'un film d'huile entre
le coussinet et l'arbre. A l'arrêt, la porosité du coussinet permet une
réabsorption de l'huile.
Les caractéristiques de ces coussinets autolubrifiants
sont les suivantes :
F
Vitesse tangentielle
maximale 8 m/s ;
F
Température maximale
d’utilisation : 200°C
(varie selon la nuance) ;
F
Fonctionnement
silencieux ;
F
Pas d’entretien.
D) Coussinets en tôle roulée
Il s’agit d’une bague constituée
d'une tôle roulée recouverte de bronze fritté et d'une couche de résine PTFE (Polytétrafluoroéthylène)imprégnée du lubrifiant solide
(graphite ou plomb) dont le coefficient de frottement avec l'acier est très
faible (0.01 à 0.05). Vitesse tangentielle maximale : 3m/s.
|
|
Montage des coussinets
Le coussinet est monté serré dans l'alésage et glissant sur
l'arbre. Lorsque l'effort à transmettre n'est par purement radial, il est
conseillé d'utiliser un coussinet à collerette.
Avantages et limites d'utilisation des coussinets
Avantages :
-
réduction du coefficient de
frottement et fonctionnement sans lubrification
-
augmentation de la durée de
vie des pièces par report de l'usure sur le coussinet
-
fonctionnement silencieux
-
encombrement radial réduit
-
coût réduit
Limites d'utilisation :
-
encombrement en longueur
-
sensibilité aux défauts
d'alignement
-
capacité de charge
inversement proportionnelle à la vitesse
figure 3. Exemple
de montage
|
|
1.1 Dimensionnement des coussinets
Pour choisir un coussinet (palier lisse), il faut déterminer
trois paramètres : • d : Diamètre intérieur,
•
L : Longueur du coussinet,
•
le Type de coussinet.
• En général,
le diamètre intérieur du coussinet d, est fixé par le diamètre de l’arbre
utilisé dans la liaison pivot.
Une fois que ce diamètre d est connu, il est
possible de connaître la vitesse périphérique V au niveau du contact
coussinet-arbre :
• En
fonction de leur « type », un coussinet supporte une Vitesse maximale admissible (Voir tableau
en page 3). Il nous est alors possible de choisir un type de coussinet compatible avec la valeur de V.
Performances comparatives des coussinets
usuels
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||||
Type de coussinet
|
Vitesse maxi
admissible (m/s)
|
Températures limites
de fonctionnement
(°C)
|
Pression diamétrale
admissible en
fonctionnement (N/mm2)
|
Produit P.V
Admissible
(N/mm2).(m/s)
|
Glacier acétal
|
2 à 3
|
-40 à 100
|
14
|
0,5 à 0,9
|
Glacier PTFE
|
3
|
-200 à 280
|
20
|
0,9 à 1,5
|
Graphite
|
13
|
400
|
5
|
0,5
|
Bronze-étain
|
7 à 8
|
>250
|
7 à 35
|
1,7
|
Bronze-Plomb
|
7 à 8
|
250
|
20 à 30
|
1,8 à 2,1
|
Nylon
|
2 à 3
|
-80 à 120
|
7 à 10
|
0,1 à 0,3
|
Acétal
|
2 à 3
|
-40 à 100
|
7 à 10
|
0,1
|
• La longueur L du coussinet est
déterminée par rapport aux efforts transmis par la liaison. Ce calcul fait
intervenir la notion de Pression
diamétrale p.
Pour un type donné de coussinet, correspond une pression
diamétrale admissible Padm (voir tableau ci-dessus). On
montre que, pour qu’un coussinet remplisse sa fonction, l’inéquation suivante doit être vérifiée :
Avec F : effort dans la liaison (en N)
Avec F : effort dans la liaison (en N)
d :
diamètre intérieur du coussinet (en
mm)
L :
Longueur du coussinet (en mm)
Padm :
Pression diamétrale admissible (en Mpa
ou N/mm2)
• De plus,
le critère p.V permet de mesurer la capacité du matériau à supporter
l’énergie engendrée par le frottement. En cas de dépassement de la valeur
admissible, la température du coussinet augmente et sa destruction est rapide.
Il faut, également, que
l’équation suivante soit vérifiée :
P :
Pression diamétrale
réelle (en MPa ou N/mm2)
(P.V)adm :
Produit P.V admissible (en (N/mm2).(m/s)
1.2 Les roulements1.2.1 Principe
En remplaçant le frottement
de glissement par du frottement de roulement,
on diminue la puissance absorbée. Le rendement du guidage en rotation
est donc meilleur.
On place
alors des éléments de roulement (billes, rouleaux ou aiguilles) entre deux
bagues. L’une (la bague intérieure) est ajustée sur l’arbre, l’autre (la
bague extérieure) est ajustée sur l’alésage.
|
1.2.2 Angle de rotulage d’un roulement à billes
Il existe toujours un jeu, aussi minime soit-il, entre
les billes et leur chemin de roulement. Ce jeu a pour conséquence de
permettre une rotation relative des bagues du roulement, autour des axes
perpendiculaires à l’axe principal du roulement. L’amplitude de cette rotation
est appelée : angle de rotulage.
Par conséquent, un unique roulement à
billes ne réalise pas une liaison pivot.
1.2.3 Liaisons réalisées par l’intermédiaire des roulements à billes
En fonction de l’existence d’arrêts axiaux O placés entre
le roulement et l’arbre ou l’alésage, la liaison ainsi réalisée
sera assimilable à:
• Une liaison
linéaire annulaire à Arrêts axiaux sur une seule bague :
• Une liaison rotule
à
Arrêts axiaux sur les deux bagues :
1.2.4 Réalisation d’une liaison pivot
Les seules associations des deux liaisons qui conduisent à
une liaison pivot sont les associations suivantes :
(Isostatique)
OU
(Hyperstatique d’ordre 1)
1.2.5 Montage des roulements
Pour
minimiser le phénomène de laminage (écrasement de matière) entre
les surfaces soumises à des charges importantes, il faut supprimer le jeu au
niveau de la bague tournante par rapport à la charge.
On
retiendra :
·
La bague qui
tourne par rapport à la direction de
la charge appliquée sur le roulement est ajustée avec serrage. Cette même bague doit être complètement
immobilisée axialement.
·
La bague fixe
par rapport à la direction de la charge
appliquée sur le roulement, doit être ajustée avec jeu. Elle doit assurer le positionnement axial de l’ensemble
tournant par rapport à la partie fixe.
Il faut éviter toute fixation surabondante.
Le tableau en page suivante propose des associations
possibles d’arrêts axiaux. Le nombre important de paramètres intervenants dans
le choix d’un montage ou d’un autre ne permet pas de faire un tableau
exhaustif. Les associations représentées ici ne sont données qu’à titre
d’exemples.
Bague intérieure tournante par
rapport à la direction de la charge
(bagues intérieures montées serrées sur l’arbre)
|
||
- arbre tournant
- charge fixe sur le logement
OU
- logement
tournant
- charge
tournante avec le logement
|
Montage à arbre tournant
|
rotule + linéaire annulaire
|
Montages « dérivés »
|
rotule + rotule
|
|
|
||
Bague extérieure tournante par
rapport à la direction de la charge
(bagues extérieures
montées serrées dans l’alésage)
|
||
- logement tournant
- charge fixe sur l’arbre
OU
- arbre tournant
- charge tournante avec
l’arbre
|
Montage à alésage tournant
|
rotule + linéaire annulaire
|
Montages « dérivés »
|
rotule + rotule
|
|
|
1.2.6 Réalisation matérielle des arrêts axiaux
Arrêts axiaux usinés
(a) (b) (c) (d) Arrêt axial par épaulement usiné dans le
logement.
(a) (c) (d) Arrêt
axial usiné sur l’arbre.
Arrêts axiaux rapportés pour Bague Extérieure
(a)
Arrêt axial de la bague
extérieure par chapeau centré maintenu par des vis. Cette solution est
recommandée dans le cas d’un alésage tournant pour éviter les phénomènes de
balourd. Une cale de réglage, placée sous le chapeau, permet d ‘éliminer
le jeu J tout en assurant son appui.
(b)
Arrêt axial de la bague
extérieure par rondelle maintenue par des vis.
(c)
Arrêt axial de la bague
extérieure par anneau élastique.
(d)
Arrêt axial de la bague
extérieure par anneau élastique chanfreiné. Cette solution permet
d ‘éliminer le jeu axial entre le roulement et l’alésage.
(e)
Arrêt axial de la bague
extérieure par segment prévu sur la bague extérieure du roulement.
Arrêts axiaux rapportés pour
Bague Intérieure
(a)
Arrêt axial de la bague
intérieure par écrou à encoches.
(b)
Arrêt axial de la bague
intérieure par rondelle maintenue par une vis en bout d’arbre. Dans le cas d’un
arbre tournant, il est recommandé de centrer la rondelle pour éviter les
phénomènes de balourd. Pour des arbres de diamètre important, la rondelle peut
être fixée par plusieurs vis réparties sur une circonférence.
Arrêt axial de la bague
intérieure par entretoise. Cette solution est aussi applicable pour la bague
extérieure.
(c)
Arrêt axial de la bague
intérieure par anneau élastique.
(d)
Arrêt axial de la bague
intérieure par anneau élastique chanfreiné. Cette solution permet d’éliminer le
jeu axial entre le roulement et sa portée sur l’arbre.
(e)
Arrêt axial de la bague
intérieure par anneau élastique.
(f)
Arrêt axial de la bague
intérieure par manchon conique. Cette solution permet d’éviter l’usinage d’un
épaulement sur un arbre long.
1.2.7 Typologie des roulements
Il existe
différents types de roulements. On peut les classer en fonction du type de
charges (Axiale et/ou Radiale) qu’ils peuvent supporter.
charges radiales
|
|
charges axiales et
radiales
|
|
charges axiales
|
||||||||
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
||
Roulements à
rouleaux cylindriques
|
|
Roulements à
aiguilles
|
|
Roulement à billes
|
|
Roulements à
rouleaux coniques
|
|
Butée à rotule sur
rouleaux
|
|
Butée à billes
|
|
Butée à aiguilles
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
1.2.8 Lubrification des roulements
Lubrification à la graisse
En
version « étanche », les roulements sont lubrifiés à vie.
En version « non étanche » et dans le cas de
vitesses de rotation élevées, les roulements sont lubrifiés au montage en
respectant la quantité de graisse préconisée par le constructeur (risque
d’échauffement).
Dans
le cas de vitesses de rotation basses où l’excès de graisse ne provoquera pas
d’échauffement, on peut prévoir un graisseur qui permettra d’injecter de la
graisse neuve, celle-ci poussant la graisse usagée vers l’extérieur (figure a).
Pour des
vitesses de rotations élevées, la graisse sera maintenue au voisinage du
roulement, par des déflecteurs placés de chaque côté du roulement (figure b).
Lubrification à l’huile
Par bain d’huile :
Le
niveau d’huile ne doit pas dépasser le centre de la bille la plus basse.
Pour les roulements qui ne se situent pas en partie basse du mécanisme, il
faudra prévoir des récupérateurs appelés larmiers (figure a) qui seront
remplis par projection, ou assurer une circulation d’huile par pompage
(figure c). Si les projections d’huile sont trop importantes, elles
pourront être limitées par un déflecteur (figure b).
Par brouillard d’huile :
Ce type de lubrification nécessite une installation
importante (pulvérisation d’un mélange air+huile). Il est réservé aux
broches de machines outils tournant à grande vitesse.
Désignation
normalisée
EXEMPLE
: ROULEMENT 30 BC 02 Roulement rigide à billes Ø30 série 02.
30 :
Diamètre de l’arbre supportant le roulement.
BC :
Type du roulement.
02 :
Série qui permet de déterminer le diamètre extérieur et la largeur.
Critères de choix
Le
roulement est choisi en fonction de plusieurs critères : Vitesse de rotation ;
Direction et intensité des efforts. Les types de charges supportées par un
roulement sont présentés ci-dessous.
-
Vitesse élevée Roulements à billes, à rouleaux
cylindriques, à aiguilles.
-
Effort radial Faible ou moyen : Roulements à billes
Important : Roulements à rouleaux ou à aiguilles
-
Effort axial Faible : Roulements rigide à billes
Moyen : Roulements à billes à contact oblique
Important : Roulements à rouleaux coniques
Très important : Roulements + Butée
Guidage particuliers
Paliers hydrodynamiques
Ils sont constitués de coussinets comportant une rainure
permettant l’arrivée d’un lubrifiant sous pression. La formation d’un film
d’huile n’est possible qu’à partir d’une certaine vitesse relative arbre/logement.
Paliers hydrostatiques
L’arbre est en suspension au centre du mécanisme sous
l’effet d’un fluide envoyé sous pression. Le coefficient de frottement devient
alors très faible. Le coût élevé de ce type de montage le réserve à des
systèmes particuliers.